28 décembre 2007

Obsession



Juste pour le plaisir, encore quelques vidéo d'of Montreal (je sais, c'est une obsession). Avec, pour commencer, une excellente capture du concert au Paradiso d'Amsterdam, le 11 décembre, par l'impeccable site Fabchannel.com (une mine pour qui aime le live). Concert qui commence, ô bonheur insigne, par une une version dantesque de "The Past Is A Grotesque Animal", et se poursuit avec une setlist très similaire au show parisien du 14.

A Paris, le 14, justement, Kevin et Bryan, la mine un peu chiffon, faisaient un petit tour du côté des Inrocks pour y livrer une version acoustique du délicieux "Days" des Kinks, et des relectures très bowiennes de "Heimdelsgate Like, "Bunny Ain't No Kind Of Rider" et "Suffer For Fashion", totalement éloignées des versions de
Hissing Fauna, Are You The Destroyer?


Mais évidemment, la chanson qui ressort le plus métamorphosée d'un traitement acoustique (et solo, en l'occurence) est "The Past Is A Grotesque Animal", qui prend un sens tout différent en étant dépouillée de sa frénésie maniaque. Et révèle, mieux que toute glose, le pur coup de génie de Hissing Fauna, où musique et texte tirent dans deux sens diamétralement opposés pour créer un sentiment aussi ambigu que troublant.

Sur ce, je promets d'arrêter avec cette chanson (celle qui m'a fait dresser le poil tout au long de 2007) et of Montreal. Au moins jusqu'en 2008...




18 décembre 2007

Cream (get on top)










C’est un des grands jeux de fin d’année. Tout le monde et son petit frère publie son top de fin d’année : la presse, les sites Internet, les blogs, vous et moi. Signe qui ne trompe pas, l’un des groupes qui marchent le mieux sur Facebook en ce moment n’est autre que Ton Top 10 albums 2007 vaut bien mon Top 10 albums 2007. Si vous n’avez pas encore plongé, le site Stereogum répertorie les listes “qui comptent” (Pitchfork, Rolling Stone, ce genre), tandis que les news de La Blogothèque recensent les tops plus, ahem, underground, disons, faute de mieux (lire : pointus, pertinents…).

L’intérêt de tout ça ? Jouer les supporters et se rassurer (ou au contraire, pester, si l’on est un peu snob, y a pas de honte) en s’apercevant que tel disque qu’on croyait passé inaperçu est tombé dans les bonnes oreilles. Ou, à l’inverse, se féliciter (si l’on est élitiste) ou pester que ses chouchous soient passés par pertes et profits.

Et, surtout, servir de pense-bête pour essayer de jeter une oreille sur tous ces disques peut-être bien essentiels qu’on a ratés, dans la surproduction ambiante.

Pas de raison que j’échappe à la règle. En toute subjectivité…

1. of Montreal – Hissing Fauna, Are You The Destroyer
- Okkervil River – The Stage Names
3. Caribou - Andorra
- The Sadies – New Seasons
5. Jens Lenkman – Night Falls Over Kortedala
- Sister Vanilla – Little Pop Rock
7. Apples in Stereo – New Magnetic Wonder
8. Fiery Furnaces – Widow City
9. Arthur & Yu – In Camera
- Liars - Liars
- The Raveonettes – Lust Lust Lust
- Super Furry Animals – Hey Venus !

17 décembre 2007

Kevin is a grandiose animal


Commencer un concert par son grand morceau de bravoure, c’est un choix. Rarissime et osé. Et c’est précisément comme cela qu’of Montreal attaque son deuxième passage parisien de l’année, ce 14 décembre, à la Maroquinerie. Les frissons de synthé, le rythme inhumain qui s’affirme, inexorable, c’est bien “The Past Is A Grotesque Animal”. Soit douze bonnes minutes d’une obsédante (et obsédée) spirale techno-pop en incessant crescendo qui aspire irrésistiblement l’auditeur dans le récit glaçant de l’effondrement mental de son auteur, parsemé de références à Georges Bataille et d’aphorismes cruels.

Et toute l’heure restante sera du même calibre : jubilatoire, dansante et borderline. En s’affublant d’oripeaux glam-trash (maquillage vert, mini-short bleu, bas résille) et en repeignant ses dépressions nerveuses et ses mélodies enjoleuses de disco-beat appuyé et synthétique sur édredon moelleux de basses Rickenbacker (souvent doublées), Kevin Barnes s’affiche depuis la sortie de Hissing Fauna, Are You The Destroyer?, en improbable rejeton (totalement assumé) du Prince de Purple Rain et de Ziggy Bowie. Si, au Bataclan, ce dernier album fournissait l’essentiel du répertoire, cette fois, les munitions sont tout autant puisées chez ses prédécésseurs, The Sunlandic Twins (surtout) et Satanic Panic In The Attic. On sent bien le groupe un peu fatigué (escale prolongée à Amsterdam et fin de tournée obligent…), mais toujours enthousiaste, et en pleine maîtrise de son art.

Peu d’artistes ont su se réinventer aussi totalement. Car on a bien du mal à reconnaître dans ces party animals les popsters bavards affiliés au collectif Elephant 6, entre Syd Barrett et Brian Wilson…

Autant dire qu’on attend la suite avec impatience. Pas mal de chansons sont déjà écrites (on a eu droit à la très queer “Softcore”), et Kevin entend continuer à explorer son côté obscur à travers son alter ego Georgie Fruit (!), transsexuel noir apparu dans les dernières chansons de Hissing Fauna. Oui, pas de doute, Mr Barnes fait partie de la race des grands allumés.

The Booty Patrol : un excellent centre de ressources tenu par des fans, sous forme de blog. Toutes les nouvelles, interviews, liens, derniers concerts à télécharger et vidéos à voir, etc.

12 décembre 2007

Sacrifice de poulet



En hommage à toutes les volailles mises à mal il y a quelques semaines pour Thanksgiving, et à celles encore en sursis pour quelques jours, Noël approchant, ce végétarien tient à dédier le clip de “Modern Dance”, de Lou Reed.

La seule fois où je l’ai vu à la télé, il y a quelques années (la chanson date de l’an 2000), il était fort tard. Et le lendemain matin, je n’étais pas certain qu’il ne s’agissait pas d’un rêve. Ou d’une pure hallucination.

Mais non. Dieu sait pourquoi, le vieux Lou, impavide, a réellement accepté de se déguiser en gros volatile et de se laisser plumer, avant de passer à la casserole.

Vous en reprendrez bien une aile ?

11 décembre 2007

Poil Hocus


Focus - Hocus Pocus

Jusqu’à hier soir, et depuis une grosse trentaine d’années au bas mot, j’avais oublié jusqu’à l’existence de Focus. Mais entendre quelques mesures de “Hocus Pocus”, son chef-d’œuvre (hum), dans le deuxième épisode de Saxondale (voir plus bas), m’a ramené à mon flirt adolescent (sans trop de suite) avec le diable, ou plutôt le prog-rock. Un genre qui mérite tout les sarcasmes – et plus – dont ont pu le couvrir les punks, à une paire d’exceptions près (King Crimson période 72-74, et peut-être Van der Graaf Generator, pour le souvenir que j’en garde). Et qui menace d’être réhabilité par toutes sortes d’irresponsables, les abominables Mars Volta en tête.

Ceci posé, “Hocus Pocus” continue à me réjouir. Je veux dire, où d’autre peut-on trouver un tel mélange de gros riffs idiots et de yodel, hein, franchement ? Ce qui amène à se poser d’autres questions. Quelles substances pouvaient donc traîner aux Pays-Bas au début des années 70 pour produire ça ? Et surtout, s’il en restait, est-ce que vous en prendriez ?

Pour en revenir à Saxondale, il s’agit de la dernière série en date conçue et interprétée par le génial Steve Coogan. Le maître-étalon du trouduc sur petit et grand écran. Dans le meilleur sketch de Coffee & Cigarettes de Jim Jarmusch, c’était lui l’acteur suffisant qui refusait obstinément de donner son numéro de portable (« Même ma femme et mes enfants ne l’ont pas ») à Alfred Molina, qui s’était découvert un vague cousinage avec lui. Jusqu’à ce qu’il réalise que Molina était un pote de Spike. Pas Lee, Jonze… Et lui toujours qui incarnait brillamment Tony Wilson (RIP), le fondateur de Factory Records, dans 24 Hour Party People de Michael Winterbottom.

Pour la BBC, il a créé à la radio puis à la télé (Knowing Me, Knowing You with Alan Partridge et deux saisons de I’m Alan Partridge) un personnage d’animateur plus inculte et imbu de lui-même que nature, obséquieux et lèche-cul avec les puissants et odieux avec ses collaborateurs, qui continue à faire les beaux jours de BBC Prime, lors de multiples rediffusions. Cette même BBC Prime qui diffuse donc, en ce moment, Saxondale (encore deux épisodes, ce soir et mardi prochain à 21h30, rediffusion dans la nuit à 1h, en VO only). Toujours soucieux de soigner son image, Coogan campe ici un ex-roadie reconverti dans l’extermination des nuisibles («Simply the Pest »), pas trop regardant sur les moyens, et doté d’un tempérament plutôt volatile. Ce qui nous vaut notamment d’hilarantes séances de thérapie de groupe. Plein d’extraits de “Hocus Pocus” (sans parler du générique, “House Of The King”, également exhumé chez Focus). Et de grands moments de rire jaune et d’embarras, décidément une des grandes spécialités de l’humour TV british (voir The Office).

Et pour faire bonne mesure, Steve Coogan n’est pas loin d’être comme ça dans la vie. Surpris par les redoutables tabloids anglais avec de la coke et des putes baltes dans sa chambre d’hôtel, il s’est exclamé : « Mais je croyais que c’était des réfugiées, je voulais les aider ! » Rock’n’roll !

7 décembre 2007

En avent !

Comme les plus observateurs l’auront remarqué, décembre est plutôt riche en fêtes carillonnées. Après Hanukkah et Festivus (le 23, la fête pour ceux qui n’aiment pas les fêtes, célébrée par les fans les plus nostalgiques de Seinfeld) arrive Noël.

Bon, en France, ce n’est pas la joie. “Petit gaga Noël”, non merci.

Outre-Atlantique, en revanche, ce n’est pas la même mayonnaise. Le répertoire n’est peut-être pas infini (au moins pour les standards), mais au moins s’enrichit-il constamment. Et tout le monde et son petit frère, même les dépressifs comme Eels (avec deux compos originales !), sacrifie joyeusement au rituel.

Le genre compte quelques chefs-d’œuvres reconnus, à commencer par A Christmas Gift for You from Phil Spector (du temps lointain où il était un producteur génial) et l’Elvis' Christmas Album, pour se limiter au rock. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne idée, les crooners classiques – Dino, Frankie & Co. – ayant brillé dans l’exercice.

Mais bon, ça, tout le monde le sait. J’ai plutôt envie de vous citer trois albums un peu, disons, différents, pour lesquels j’éprouve une tendresse particulière.

Christmas In The Stars: Star Wars Christmas Album est sans doute un des sous-produits les plus navrants de la saga de George Lucas. Moins quand même que le Holiday Special télévisé qui fait toujours rougir de honte son parrain sous sa barbe. Il s’agit ici de disco familiale produite au kilomètre par Meco, mais comment résister à une chanson intitulée “Que peut-on offir à un wookie pour Noël quand il possède déjà un peigne” ? Anecdote piquante, ce disque marque également les débuts en studio d’un certain Jon Bongiovi, placé là pour son tonton Tony, qui était également ingénieur du son des Ramones à la même époque.

Tout aussi drôle, mais à un autre niveau, Crock O Christmas de Ren & Stimpy, le chihuahua hystérique et le matou plus que stupide enfantés par John K., le génie caractériel qui a révolutionné le cartoon à la télé dans les années 90, et à qui toute une génération d’animateurs doit énormément. Il faudra que je revienne sur ce roi du sabordage un jour. Evidemment, si vous préférez le poivre et les épices au sucre pour Nöel, c’est un must.

Et si vous êtes allergiques aux frimas, alors là, c’est sans hésiter The Beach Boys' Christmas Album qui vous réchauffera le moral et le cœur. Sûr que ça fait un peu bizarre d’entendre la smala Wilson harmoniser des « Run, run, reindeer » sur la fabuleux “Little Saint Nick”, ou ces chantres de l’été éternel (on est en 1964) célébrer la neige (avant que Brian ne s’en mette plein les narines), mais qu’est-ce que c’est bon. Même en plein milieu de la vallée de la Mort – je le sais, j’ai testé pour vous.

Plus que 18 jours pour en profiter, après il faudra encore attendre 11 mois…

6 décembre 2007

Sit on my Facebook

Manquait plus que ça. En plus de ce blog (je m’y suis mis au moins trois ans après la bataille), voilà une semaine que je me suis inscrit sur Facebook. Encore une parfaite façon de perdre son temps sur le Net.

Surtout au début. Vous avez bien déjà un copain d’inscrit. Vous lui demandez d’être votre ami, regardez quels amis vous connaissez, les sollicitez, vous recevez des demandes à votre tour, et ça fait boule de neige.

Enfin ça, ce n’est rien. Parce qu’il faut encore montrer que vous êtes cool. Proclamer vos goûts (éclairés, bien sûr) dans toutes sortes de domaines – étonnez-vous, après cela, que les publicitaires en fassent leurs choux gras. Et puis, écrire à vos amis, leur poster des vidéos, photos, dessins, leur faire des cadeaux virtuels, des bisous virtuels, leur offrir des coups virtuels. Il y a tout un tas de petites applications pour ça. Et c’est parfait, finalement, pour garder un cercle de relations occasionnelles et plus ou moins éloignées. Voire très éloignées, sans souhaiter plus que ça qu’elles se rapprochent.

Mon truc favori, ce sont les vampires. Vous vous faites mordre, et à vous de mordre les autres. Ce qui vous permet de gagner des points, vous constituer (si tout va bien) des armées d’autres vampires, et gagner en puissance. Pour l’instant, je ne suis encore qu’un assez petit vampire. Mais, comme dit Joann Sfarr, c’est toujours mieux qu’être un grand paumé.

Et d’ailleurs, ça va mieux. De jour en jour, je passe un peu moins de temps sur Facebook. Ça doit être bon signe…

5 décembre 2007

Notre Bowie à nous



















Comme disait mon ex-collègue Bernard, pourtant pas vraiment mélomane : « Il a un bon look et ses chansons sont entraînantes. »

Un look ? Non, des looks. Depuis un quart de siècle déjà, il n’a de cesse de se réinventer, en puisant dans tous les mouvements musicaux, quand le cinéma ne l’accapare pas.

Il n’a pas hésité, il y a quelques années, à enregister un disque où il reprend les chansons qui l’ont marqué, et a fait découvrir Jacques Brel à tout un nouveau public. Il a même osé se confronter au répertoire de la grande musique. Et n’a pas manqué d’enchaîner les duos avec tous les grands de son temps.

Eh oui, il faut se rendre à l’évidence : Florent Pagny, c’est bel et bien notre Bowie national. Ce qui en dit long sur la culture populaire (musicale, mais pas que) dans l’Hexagone…

4 décembre 2007

Voir Hoboken et mourir


Pour moi, Hanoukkah, la Fête des Lumières juive, rime (de travers) avec Yo La Tengo. Depuis 2001 (sauf en 2003 et 2006), le trio du New Jersey donne chaque soir que dure cette célébration un concert dans son fief, le club Maxwell’s à Hoboken (juste en face de la Grosse Pomme), en compagnie d’invités surprise, allant de Jon Spencer au Sun Ra Arkestra – ce qui reflète parfaitement l’éclectisme inspiré et quasi encyclopédique de ces cousins banlieusards (et pas branchouilles pour deux cents) de Sonic Youth. Facétieux, ils indiquent aux spectateurs que quelque soit le soir qu’ils choisiront, ils regretteront de ne pas être venus un autre.

Evidemment, ces concerts débridés et truffés de covers (une des marques de fabrique d’Ira, Georgia et James), sont convoités sur le Net. Celui du 6 devrait se retrouver dès le lendemain sur l’excellent nyctaper, où l’on peut déjà dénicher la dernière étape (jusqu’en janvier), le 15 novembre dernier au Music Hall of Williamsburg, de leur “Freewheeling Tour” où, en toute décontraction et en formule semi-acoustique, ils répondent aux questions du public, dialoguent avec celui-ci, et jouent des chansons à la demande. Et si vous n’en avez pas assez, le concert de la veille, à Boston, peut se télécharger sur Bradley’s Almanac – A Boston-Based Music Blog. Anecdotes et répertoire varient largement, les fans savent donc ce qui leur reste à faire.

A noter également qu’on peut faire l’emplette, sur leur site, du bien-nommé album Yo La Tengo Is Murdering The Classics, anthologie de reprises exécutées (parfois au sens propre du terme) au débotté à la demande des auditeurs de la radio WFMU, allant des Stooges à Eurythmics en passant par Bachman-Turner Overdrive, Petula Clark ou la chanson-thème des Mets, leur équipe de base-ball fétiche.

Pas sérieux, alors, les Yo La Tengo ? Ça se discute. Mine de rien, je vois peu d’autres groupes à avoir une discographie d’un tel niveau et aussi riche – des purs déchaînements soniques et recherches de textures à de sublimes ballades folk – ces 25 dernières années. Non, simplement, ils ne se prennent pas au sérieux. Sont modestes, réservant l’ambition leur musique. Et se fichent de leur image comme de leur première chemise à carreaux. N’empêche que si un jour, j’ai l’occasion de faire un tour à Hoboken, début décembre…