28 septembre 2009

5 days later… still on a Fiery Furnaces high

Fiery Furnaces - Set list - 2009-09-23, Maroquinerie, Paris
In case anyone’s interested, here’s a pic of the set list at La Maroquinerie, Paris, september 23 2009. Plus the encore, as far as I can remember. That’s highly tentative, and any corrections are welcome.

Leaky Tunnel
Charmaine Champagne
Staring At The Steeple
Cut The Cake
Ray Bouvier
Chris Michaels
The End Is Near
Duplexes Of The Dead
Automatic Husband
Ex-Guru
Keep Me In The Dark
Drive To Dallas
Up In The North
Japanese Slippers
Evergreen
Worry Worry

I’m Waiting To Know You
I’m In No Mood To Comb My Hair
A Candymaker’s Knife In My Handbag
Here Comes The Summer

Photo : Marion Ruszniewski

25 septembre 2009

En retenue

Les Fiery Furnaces débordent tellement d'idées qu'ils peinent à trouver leur place dans le paysage musical des années 2000. Six albums studio en autant d'années, plus une compilation de singles, plus un double CD/triple live revisitant radicalement les chapitres précédents, sans oublier un double CD solo de Matt Friedberger, semblent avoir épuisé beaucoup de bonnes volontés. D'autant que, sur la plupart de leurs morceaux, les FF mettent davantage d'idées mélodiques et de trouvailles d'arrangements que nombre de leurs pairs sur toute leur discographie - et à peine moins de mots. Avec un luxe dans les détails - personnages, lieux - proprement vertigineux. Mais également ludique.

Sur scène, le groupe a toujours réarrangé ses morceaux jusque dans leur ADN, au point de les rendre parfois quasi méconnaissables. Une expérience virtuose et impressionnante, mais plus sans doute sur un plan cérébral que physique et émotionnel. Et parfois à la limite de la saturation sensorielle.

Mais il faut croire que Remember, le live/somme de l'an passé, a marqué la fin d'un cycle. I'm Going Away, le nouvel album, est le plus accessible du groupe depuis Gallowsbird’s Bark, leur tout premier, et l'EP compilatoire. Et, ce n'est sans doute pas une coïncidence, les paroles de chacun de ces disques sont écrites par Eleanor.

Connaissant l'art du contre-pied typique de la formation, on aurait pu s'attendre à ce que, sur la scène de la Maroquinerie, elle brouille les lignes de force pop d'I'm Going Away. Mais non, pour la première fois sans doute de leur carrière, les Fiery Furnaces ne jouent plus avec leurs chansons, comme le chat avec la souris. Ils les interprètent juste (dans tous les sens du terme) avec fougue, intensité et âme. Sans se départir de leur capacité à partir sur des tangentes et à en revenir (la rythmique Jason Loewenstein/Bob D'Amico est toujours irréprochable), mais avec une retenue et une sobriété qu'on ne leur connaissait pas. À l'image de Matt, dont le jeu de guitare semble transfiguré. Alors que, lors de la tournée Bitter Tea, il pouvait faire penser au rejeton épileptique de Robert Fripp et Frank Zappa, balançant un déluge de notes ininterrompu, ses interventions se font ici tranchantes et mesurées. Mais c'est encore Eleanor qui profite le plus de cette nouvelle approche. Si auparavant, elle semblait souvent devoir s'accrocher pour ne pas être éjectée d'un kayak dévalant des rapides ou d'un bronco au cours d'un rodéo (déjà un exploit), cette fois c'est elle qui mène la barque, habitée et dans une forme vocale éblouissante, y compris sur un "Chris Michaels" qui n'a jamais aussi bien sonné.

C'est comme si, pour une fois, le groupe s'était donné l'autorisation de s'amuser simplement (par rapport à ses propres critères), de faire confiance à ses chansons, de jouer le jeu du spectacle et du plaisir. Dissocier, pour une fois, pop songs et concepts se révèle un pari totalement payant. Alors même qu'ils redoublent d'idées, entre Pop Art et Fluxus, pour associer toujours plus leur public à leur démarche, la créativité devant se trouver des deux côtés de la relation. Ainsi, juste après le concert, ils ont donné une "Masterclass" où ils répondaient aux questions, et en ont profité pour se fendre de versions acoustiques de "Tropical Ice-Land" et "Single Again". Alors qu'avant la sortie d'I'm Going Away, ils avaient invité leurs fans à en faire une description imaginaire. Ils devraient aussi sortir un "album" sans aucun son, mais juste des partitions, des tablatures ou des descriptions - prétexte à concerts pour qui voudra s'en servir. Matt pense également composer un disque influencé par des bouts de papiers donnés par les amateurs du groupe - notes de supermarché comme petites histoires... Oh, et j'allais oublier, deux volumes de reprises d'I'm Going Away par les Friedberger sont aussi dans les tuyaux – chacun étant composé de six des morceaux avec de nouvelles musiques d'Eleanor, et des six autres en version Matt. Qui dit mieux ?

18 septembre 2009

Too much, too soon ?

Ça pourrait être agaçant, à force. Tout a l'air presque trop facile pour Coming Soon. Un premier album salué par une presse ravie de jouer sur l'angle jeunesse et petite bande familiale. La reconnaissance de ses pairs (Dionysos et Olivia Ruiz qui leur fait signer deux compositions de son troisième album, Daho). Une apparition de Leo Bear Creek, le benjamin, sous pseudo Antsy Pants, sur la B.O. de Juno, n° 1 des charts outre-Atlantique. Des concerts salués pour leur énergie et leur enthousiasme hautement communicatifs. Et bons camarades avec ça, toujours prêts à rameuter leurs amis d'un peu partout, Stanley Brinks, Freschard, Wave Pictures et autre Lisa Li-Lund.

Ça pourrait être agaçant, oui. Sauf qu'il suffit d'une écoute de Ghost Train Tragedy pour balayer toute réticence. Moins roots et nature que New Grids, ce deuxième album est avant tout un grand disque de rock. Tout court. Torturé, sur lequel planent l'ombre de la mort et des amours impossibles. Et riche, ô combien ! Que Coming Soon compte dans ses rangs cinq songwriters et chanteurs, qui se complètent et se répondent sans jamais se marcher sur les pieds, y est bien sûr pour beaucoup. L'émulation est réelle, la sélection impitoyable. Et la seule fille du groupe pourrait bien être son arme secrète, par son apport décisif en couleurs, à la clarinette, la flûte, le xylophone ou au marimba. Un peu comme Brian Jones, oui.

D'un titre à l'autre, on passe d'un quasi-tango ("Don't Sell Me To The French") à des ballades qui semblent prolonger le Coney Island Baby de Lou Reed ("Minor Keys" et plus encore "Wild Catch"), d'un rock conjuguant les harmonies de "Under My Thumb" et basse disco ("Moonchild") à une ritournelle (pseudo ?) innocente, pour finir sur une reprise de Wave Pictures en chorale, façon hymne baptiste sorti du fond des âges.

Bref, on n'a pas le temps de s'ennuyer une seconde au fil de ces 55 courtes minutes. D'autant que le groupe ne chante pas pour ne rien dire ; il nous embarque à chaque fois dans de vraies petites histoires, dans un anglais peu conventionnel, mais bourré de formules qui font mouche et d'images saisissantes.

Non, Coming Soon n'a décidément rien d'une bande de premiers de la classe. Juste une classe folle. Et un univers qui ne cesse de s'affirmer.

8 septembre 2009

Itinéraire bis

Il n'y a pas que dans le rock que nombre de plaisirs délectables se situent davantage dans la marge que dans le mainstream. Le cinéma aussi, ce n'est pas un secret, a son histoire parallèle. Ses petits maîtres et ses grands malades, ses réjouissantes aberrations et ses affligeants navets... et toujours des budgets riquiquis. Ce que ses premiers fans esthètes et activistes, à travers moult fanzines, ont appelé le cinéma bis, à partir des années 60.

Déjà auteur de Cinéma bis : 50 ans de cinéma de quartier, qui abordait ce vaste territoire sous l'angle de ses protagonistes (réalisateurs, acteurs, producteurs...), Laurent Aknin remet l'ouvrage sur le métier, en compagnie cette fois de Lucas Balbo, éminent spécialiste et collectionneur, pour cosigner les Classiques du cinéma bis, chez Nouveau monde éditions.

Sous ce titre en forme d'oxymore (délibéré), 500 films sont analysés avec autant de passion que d'érudition, de Bride of the Monster d'Ed Wood au fabuleux Bubba Ho-Tep de Don Coscarelli, en passant par Danger : Diabolik de Mario Bava, l'Arrière-train sifflera trois fois ou Esta Noite Encarnarei no Teu Cadáver du Brésilien frappé José Mojica Marins, alias Zé do Caixão ou Coffin Joe.

Péplum, porno, spaghetti western, nudies, horreur, blaxploitation et autres se croisent et souvent s'entremêlent (rien n'est interdit dans ce cinéma impur par définition), et donnent au passage envie de voir tous les titres qu'on n'a pas encore eu l'occasion de se mettre sous la rétine. Et aussi d'un volume deux, pourquoi pas ? J'y verrais bien, par exemple, Calamari Wrestler, bizarrerie japonaise où un catcheur transformé en céphalopode reprend sa carrière sans que ça n'étonne vraiment personne de voir un calamar sur un ring...

En attendant, un site comme Medusa Fanzine (qui n'a pas oublié de rendre hommage à Lux Interior) vaut largement le détour. Stay sick, turn blue...