28 août 2007
Jarvis honore le jour du Sabbath
En cet après-midi du samedi, Jarvis Cocker conclut son set sur une cover bien sentie de "Paranoid". Eh oui, il est bien question ici de l'ex-chanteur de Relaxed Muscle (et de Pulp, si vous insistez) et du classique de Black Sabbath. Interprété avec une totale fidélité. Jarvis/Ozzy, même combat ? Pas exactement, même si, à Rock en Seine, notre grande asperge binoclarde favorite se monte très remontée, sautant d'enceinte en enceinte à l'avant-scène et multipliant les poses maniérées. Très fier de ses progrès en français, il multiplie les vannes (“Pourquoi il n'y a personne là-bas ? Ah, c'est une marre de boue ! C'est très concept ça, il faut un espace Glastonbury dans chaque festival”). Et, quand même, nous interprète brillamment une bonne partie de son premier album solo. Sans oublier "Big Stuff", écrite pour le grand Lee Hazlewood, et qui lui est naturellement dédiée, quelques jours après sa disparition. Jarvis Cocker est un homme de goût, que voulez-vous. Qui sait reconnaître une bonne chanson, sans s'arrêter à de vulgaires a priori de style (voir ci-dessus).
Cette deuxième journée de festival - toujours les pieds dans la boue, mais la tête au soleil - semble d'ailleurs tourner autour du Parisien d'adoption. C'est lui, par exemple, qui remit aux Fratellis leur prix de la révélation de l'année lors des Brit Awards. Ces mêmes Fratellis qui ont ouvert la journée sous le signe de la bonne humeur et des tubes (potentiels ou avérés) à gogo. Si le pop-rock musclé et vaguement glam du trio de Glasgow ne pisse pas très loin, au moins pisse-t-il droit, et en plein dans le mille...
Pour rester en Ecosse, mais aux antipodes du bon esprit des faux frangins, les vrais frères Reid montrent, alors que le soleil se couche, ce que signifie The Power Of Negative Thinking, pour reprendre le titre de leur prochain coffret de faces B. Disparu depuis près d'une décennie pour cause de brouille fraternelle, The Jesus & Mary Chain ne manque pas son retour. William, quelque peu bouffi par le bourbon, peut bien ressembler à Pedro Almodovar, il reste l'un des maîtres mondiaux du feedback vicieux. Et si Jim, lui, est désormais sobre, son regard de psychopathe donne encore le frisson. Lorsqu'il fusille du regard son aîné, qui a le malheur de vaguement rater une intro, on craint que les vieux démons ne resurgissent, et que tout finisse en chaos... Sauf que ce petit rituel se déroule désormais à chaque concert, histoire de jouer avec les appréhensions des spectateurs. Rien de feint, en revanche, dans l'excitation sans faille que délivre toujours JAMC. En une heure, tout ce qu'on peut aimer dans le rock est organiquement synthétisé : les pures mélodies des Beach Boys et la grandeur sonique de Spector passés au vitriol du bruit blanc, et décapés au cynisme distancié.
Les CSS, à peine sorties de scène, ont filé ventre à terre pour traverser tout la longueur de l'enceinte, et perdre le moins possible de cette magistrale leçon de rock'n'roll, vites rejointes par Jarvis - qui n'a pas manqué de programmer JAMC au Meltdown festival londonien, au moins de juin. Comme quoi, décidément, tout se rejoint en ce samedi.
Ou presque. Car Tool, c'est un autre monde. Rien que son dispositif scénique laisse pantois : la scène apparaît quasiment comme vide, les musiciens étant exilés sur les côtés, et le chanteur Maynard James Keenan n'apparaissant qu'en ombre chinoise au fond du plateau. Ce sont donc les visuels quasi psychédéliques et surtout les vidéos cauchemardesques réalisées par le guitariste Adam Jones - à faire passer Eraserhead pour les Bisounours - qui assurent le "spectacle", tandis que l'on est martelé par le metal le plus torturé qui soit, à moins que ce ne soit le prog-rock le plus violent. Une expérience à vivre au moins une fois - et plus, si affinités.
Et le dimanche ? Eh bien, étant hautement allergique aux björkeries, j'ai suivi l'exemple du Très Haut, et je me suis reposé.
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