On sent bien qu'on est en plein cœur du set de la première tête d'affiche d'un festival de rock, là ? Et pas dans l'écho rendant compte de du concours de bourrée remporté par les Gounauds de Bort à Salers (15) dans l'édition locale de La Montagne ?
Bon, alors resituons.
Eh oui, bienvenue à l'inévitable compte-rendu de festival, avec ses photos floues et trop lointaines, et ses survols et omissions injustes et partiaux. En l'occurence, la première journée de Rock en Seine. Boueuse (très) mais non pluvieuse.
Après, notamment, que Rodeo Massacre ait fait admirer ses uniformes La croisière s'amuse, les choses sérieuses commencent avec Dinosaur Jr. Malgré une infection de l'oreille incapacitante, J Mascis, plus Droopy guitar-hero que jamais d'une génération où les guitar-heroes étaient hors sujet, mène la "Sludgefeast" en écrasant sa wah-wah. Murph et Lou Barlow s'amusent comme des petits fous, et ce dernier tente de secouer un peu l'apathie du public en lançant des “We're Dinosaur Jr. We are oooooold”. OK, la longue crinière agitée de J est désormais grise, mais le répertoire (qui délaisse Beyond, le récent album de reformation, très réussi) n'a pas pris une ride, lui. Et quand ils cisaillent comme avant "Just Like Heaven", le paradis n'est effectivement pas loin.
A priori, l'idée de faire passer The Shins sur la grande scène, en fin d'après-midi, relève de l'erreur de programmation. Mais les cinq d'Albuquerque ont fourbi leurs arguments pour nourrir les sceptiques : resserrant les boulons pour offrir un set de 45 mn sans temps mort, nos alt-popsters se débarrassent pour l'occasion de leur côtés les plus mièvres, font claironner leurs intros les plus spectoriennes ("Turn On Me"), chatouillent le fantôme de Gram Parsons ("A Call To Apathy") et laissent un goût de trop peu.
Le contraire de The Hives, dont le goût des gimmicks (costumes assortis, total look noir et blanc, incessants appels au peuple) est rigolo cinq minutes, mais approche dangereusement de sa date de péremption, faute de chansons dignes de ce nom.
Heureusement, au même moment, les Noisettes se montrent largement, eux, à la hauteur de leur réputation grandissante de bêtes de scène. Essentiellement grâce au charme et à la présence radieuse de Shingai Shoniwa, dont la voix soul et sauvage se marie à merveille aux éclats de guitare garage-punk-prog-jazzy du très stylé Dan Smith. Aussi accrocheurs ("Don't Give Up", "Bridge To Canada") qu'aventureux, on attend avec impatience la suite de leurs aventures.
Et Arcade Fire ? Egaux à eux-mêmes. Soit une grosse machine d'une redoutable efficacité, puisant aux bonnes sources (le gothique sudiste, ce genre de trucs) pour en donner une version ripolinée et pas effrayante pour deux sous. Difficile de ne pas se dire qu'ils sont trop (par rapport à ce qu'on entend) et qu'ils en font trop (tout ce petit côté agitation forcenée savamment orchestrée). Difficile aussi de rester indifférent, même lorsque, comme pour moi, le mot le plus répugnant de la langue française est "festif". Et, oui, Régine Chassagne joue de la vielle à roue. Parfois. Ou de l'orgue d'église pliant. Dommage à mon goût que l'odeur d'encens ne soit pas contrebalancée par celle du soufre. Enfin, on n'est pas chez Jerry Lee Lewis...
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire