Sauf pour les inconditionnels, pas de quoi plomber entièrement la journée, d'autres s'étant plus que largement chargés de compenser.
A commencer par Louis XIV. Dieu sait pourquoi, j'étais persuadé qu'ils jouaient une sorte de pop chichiteuse. Leur nom, sans doute. Singulièrement mal porté, puisque ces Ricains bien portants et poilus de partout, mais ne dédaignant pas le port du costume 3-pièces, sacrifient plutôt au culte très seventies d'un boogie rock sévèrement burné, avec dérapage à l'occasion sur une sorte de power ballad en montagnes russes. Pissent peut-être pas très loin, les gars, mais dru et droit, et pas derrière les portes, comme à Versailles.
Plein de bonne volonté, je suis prêt à réserver le meilleur accueil à la blue-eyed soul de Jamie Lidell. Bizarrement, celui-ci juge prudent d'envoyer en éclaireurs son batteur et son claviers qui, manifestement ravi d'avoir acheté un nouveau synthé, se met en tête d'en essayer tous les sons, comme s'il était dans un magasin de musique à Pigalle. Au bout de dix minutes, découragé, je laisse tomber. Enfin, Jamie, quoi ? Tu es dans un putain de festival, avec un public qui n'est pas spécialement le tien à conquérir. Alors, les plans branlette, tu les gardes pour tes concerts à toi. Ou le jour où tu passeras en vedette sur la grande scène - et là, les gogos pourront s'extasier, 'tain, vachement audacieux... Mais c'est pas demain la veille, si tu continues comme ça.
Des qui ne font pas dans les préliminaires qui s'éternisent, en revanche, c'est le JSBX. Ou Jon Spencer Blues Explosion, si vous n'êtes pas intimes. Malgré trois ans de « hiatus indéfini » (sic), la complicité télépathique entre Jon Spencer (guitare japonaise écaillée trouvée dans une poubelle, voix d'Elvis en prêcheur fou éructant les « baybeuh » et autres « Ladies and gentlemen, the Blues Explosion », chemise bleu pétrole et pantalon en vinyle noir), Judah Bauer (Telecaster blonde, noire ou sunburst, plans de guitare vicieux qui sentent bon le bayou , bouc grisonnant et demi-sourire narquois) et Russell Simins (nounours frisé cognant ses fûts avec l'abandon du batteur du Muppet Show) demeure intacte, et huit morceaux sont enchaînés d'un hochement de tête ou d'un signe imperceptible, sans set-list préétablie, avant d'avoir eu le temps de faire ouf. L'expérience est du même ordre que de dévaler un col dans un 38 tonnes avec un chauffeur psychotique sous speed, moteur coupé et freins HS : ça passe ou ça casse... et ça passe. On en ressort secoué, exténué par la décharge d'adrénaline et ravi de l'expérience. A peine a-t-on le temps au passage de remarquer que les New-Yorkais ont joué "Wail" ou "Wanna Make It Alright", les chansons (si l'on peut dire) important peu. Le JSBX ne tente plus de se canaliser, comme sur ses derniers albums, revenu à l'énergie primale de ses débuts. Pouvaient pas mieux résumer l'affaire qu'en concluant sur "Fuck Shit Up", et son mantra/motto « Make it fucked up ».
Pantelant, j'abandonne l'idée d'aller écouter les charmantes pop songs de la toute fraîche Kate Nash, que j'avais pourtant vraiment envie de découvrir live, craignant de ne pas être tout à fait réceptif. Une super tisane bio après une bonbonne de moonshine cul sec risque de paraître un peu insipide, dans le contexte.
Pantelant, j'abandonne l'idée d'aller écouter les charmantes pop songs de la toute fraîche Kate Nash, que j'avais pourtant vraiment envie de découvrir live, craignant de ne pas être tout à fait réceptif. Une super tisane bio après une bonbonne de moonshine cul sec risque de paraître un peu insipide, dans le contexte.
Pas question, en revanche, de louper les Raconteurs, de Nashville, Tennesse, comme Jack White les présente. Que l'on considère Consolers Of The Lonely comme une relative déception (ou pas) importe peu, les Raconteurs sont avant tout un sacré groupe de scène. Je veux dire par là une chouette bande de copains sans maillon faible, où tout le monde s'écoute et réagit à ce que jouent les potes, au point qu'on ne sait plus nécessairement qui chante ou joue quoi, et qui sait prendre la tangente quand l'envie lui en prend, pour que le concert du jour ne ressemble ni à celui de la veille, ni à celui du lendemain. En fait, c'est un tout un grand pan de la musique populaire américaine qui est passé en revue, mine de rien, des stades seventies remplis par Led Zep (l'ouverture sur le morceau-titre du 2e album et ses riffs à tiroirs et tempo démultiplié) aux villes des pionniers où l'on danse le quadrille au son d'une crin-crin celtique ("Old Enough"), en passant par le vieux blues cochon (la reprise de "Keep It Clean", dédié à « tous les garçons et les filles, dont Amy Winehouse qui ne sera pas là ce soir », sans que personne ne réagisse), ou la musique de western un peu emphatique ("The Arrow And The Spur"). Quand, au bout de 70 minutes de concert, Brendan, Jack, Little Jack et Pat accordent un rappel nourri, on se doute bien de quelque chose. Et l'annonce officielle sur scène ne tarde pas : à 20 heures, l'agent d'Amy Winehouse a prévenu les organisateurs que sa protégée ne viendrait pas, sans donner plus d'explication (malade, apprendra-t-on le lendemain).
Certes, le festival n'est pas officiellement terminé - restent encore Justice, sur la scène de la Cascade, reporté de 45 minutes pour que le public des Raconteurs puisse en profiter, sans que leurs fans, qui sont là à l'heure prévue, en soient correctement informés, et The Streets, qui migre de la petite de l'Industrie à la Grande scène. Avec panache, me suis-je laissé dire, mais j'avoue être déjà reparti.
Bilan ? Quelques bons sets qui justifient le déplacement, un public pour qui un festival est souvent davantage une manifestation sociale que musicale, une organisation sans faille, une programmation variée, globalement correcte sans être affolante, avec peut-être quelques maladresses dans les horaires (les Black Kids en même temps que les Raconteurs, je ne crois pas être le seul à regretter d'avoir dû faire un choix)... et un gros pari perdu, qui laisse comme un petit goût d'inachevé.
Certes, le festival n'est pas officiellement terminé - restent encore Justice, sur la scène de la Cascade, reporté de 45 minutes pour que le public des Raconteurs puisse en profiter, sans que leurs fans, qui sont là à l'heure prévue, en soient correctement informés, et The Streets, qui migre de la petite de l'Industrie à la Grande scène. Avec panache, me suis-je laissé dire, mais j'avoue être déjà reparti.
Bilan ? Quelques bons sets qui justifient le déplacement, un public pour qui un festival est souvent davantage une manifestation sociale que musicale, une organisation sans faille, une programmation variée, globalement correcte sans être affolante, avec peut-être quelques maladresses dans les horaires (les Black Kids en même temps que les Raconteurs, je ne crois pas être le seul à regretter d'avoir dû faire un choix)... et un gros pari perdu, qui laisse comme un petit goût d'inachevé.
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