9 octobre 2008

Pourvu qu'elle soit rousse



Entre les rousses et moi, c'est une vraie histoire d'amour, de mes premiers émois à ma chère et tendre. Donc vous pensez si entre Jenny Lewis et moi, c'était plié d'avance.

Et pourtant, ce fut une longue suite de rendez-vous ratés. Sans excuse de ma part. Grâce aux Chroniques de Californie sur Canal Jimmy, au tournant du millénaire, j'avais repéré que Rilo Kiley, alors à ses débuts, vaudrait que j'y jette une oreille. Sans suite.

Je ne me suis vraiment réveillé qu'en écoutant, Rabbit Fur Coat, le premier album de Jenny (avec les Watson Twins). Un coup de cœur. Mais j'ai trouvé le moyen de les rater quand elles sont passées au Nouveau Casino.

Quelque peu déçu par Under the Blacklight, le dernier Rilo Kiley (j'ai rattrapé mon retard discographique entre-temps), je me suis abstenu. Et n'aurais pas été à la Maroquinerie en cette soirée du 8 octobre si mon excellent camarade Philippe Dumez (qui vous offre sa propre perspective sur son I wanna be your blog) ne m'avait heureusement signalé ce concert. Et invité. Qu'il en soit deux fois remercié.

Pour le reste, c'est Jenny que je remercierai. Radieuse sous son chapeau, en salopette en jean et t-shirt tye-dye, Miss Lewis a la joie de jouer communicative. Flanquée d'un bar-bar band glorifié (ce n'est pas une critique) qui a la touche de Stillwater, le groupe imaginaire du film Almost Famous, la flamboyante petite transforme la Maroquinerie en honky-tonk, aidée par une importante présence américaine dans la salle. Toute Acid Tongue, son nouvel album, y passe, plus quelques rescapées du précédent. Avec toujours du chien, un charme fou - Jenny a une voix de dragée au gingembre, où la douceur est toujours relevée par du piquant, proprement irrésistible - et, parfois, la grâce.

“Acid Tongue”, qu'elle interprète seule à la guitare sèche, les cinq musiciens rassemblés autour d'un micro confondant leurs voix en harmonies lumineuses, est beau à pleurer - d'ailleurs, de grosses larmes me coulent le long des joues à ce moment, embarrassant...


Lorsque, en duo avec son guitariste (et compagnon) Johnathan Rice, elle reprend en rappel “Love Hurts” des Everly Brothers, je réalise que la dernière fois que j'ai entendu cette chanson, c'était par Linda Ronstadt, la connexion, évidente, se fait : Jenny est l'héritière (certainement involontaire) de toutes ces chanteuses des canyons du début des années 70. Mêmes influences, résultat similaire, mais pas identique - question d'époque. Elle a bien l'aisance country-pop de Linda (mais avec plus de feeling) ou les qualités de songwriter d'une Carole King (voir “Godspeed”). La fraîcheur. Mais pas la naïveté (et moins de coke dans le nez, aussi, sans doute).

En sortant, je suis pressé d'aller dormir. Pour passer la nuit avec Jenny de mes rêves.

Jenny sur myspace

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quelle rapidité. Jenny ne se fait pas attendre...
Enchanté d'avoir serré la main de M.Erudit Rock grâce à Philippe Dumez. Quand j'étais un jeune hard rocker j'avais emprunté ton ouvrage sur AC/DC à la bibliothèque...
Comme je suis du genre tenace voici un lien qui mérite le détour :http://www.myspace.com/songsofjonathanwilson

Anonyme a dit…

au fait l'"anonyme" c'est Patrice...
http://www.myspace.com/songsofjonathanwilson

Thierry Chatain a dit…

Oups... Désolé de mon manque de réactivité (bouclage, week-end chargé, tout ça). Ravi également t'avoir fait ta connaissance. Et merci de m'avoir fait découvrir Jonathan Wilson.