15 février 2008

Kimya à tout prix

C’est tout moi, ça ! Pas plus tard que juste en dessous (si vous scrollez), j’exprimais mes doutes sur le potentiel commercial de Coming Soon, sans réaliser qu’au même moment ils étaient n°1 dans les charts américains des albums. Les vrais, pas les alternatifs…

Et par quel miracle ? Celui de la B.O. de Juno (que je n’ai pas encore vu), petit film indé propulsé phénomène du moment outre-Atlantique, et qui a même réussi son démarrage en France (près de 200 000 entrées sur une combinaison modeste d’écrans). Je n’ai pas encore vu le film, histoire d’ado en cloque apparemment sympathique et pas stupide, nominée 4 fois aux Oscars (mais pas pour sa B.O.), où l’on retrouve pas mal de têtes croisées dans des séries télé chéries (Jason Bateman et Michael Cera, pères et fils dans l’hilarant Arrested Development, Allison Janney, la chargée de presse de The West Wing, ou J.K. Simmons, l’horrible leader du clan nazillon dans Oz).

On le sait, de plus en plus souvent, c’est grâce à Hollywood (version grand ou petit écran) que des musiciens que l’on croyait voués à l’underground (par choix, tempérament ou incurie des majors, plus promptes à pointer le téléchargement que leur frilosité ou leur incapacité chronique à reconnaître les vrais talents) se retrouvent à toucher le public mainstream (ou à payer leur loyer, comme Mr E. de Eels, avec la franchise Shrek et autres blockbusters). Ça peut ne durer qu’un moment, avant qu’ils ne redeviennent cultes et retrouvent leurs fans de toujours (Jonathan Richman, chœur antique de Mary à tout prix), ou faire un vrai tremplin (The Shins, via Garden State).

Et là, pour la B.O. de Juno, c’est Kimya Dawson qui a tiré le gros lot. Pas loin de la moitié du disque pour elle, toute seule (surtout), ou au sein des Moldy Peaches ou d’Antsy Pants. À savoir le groupe d’occasion qu’elle avait formé il y a deux ans à Annecy (d’où le nom calembourbeux) avec Coming Soon (sans Alex), son désormais époux Angelo Spencer (papa de leur petite Panda), et quelques autres amis…

Inutile de dire qu’une telle nouvelle me remplit d’allégresse (ce n’est pas par hasard si ce blog a été inauguré par le compte-rendu de son dernier concert parisien). Kimya superstar ? C’est trop drôle et évident à la fois. De quoi croire que parfois, la vertu est récompensée, qu’il y a une justice dans ce bas monde. Après tout, il est difficile de faire plus simple, direct et touchant que Kimya. Il ne lui manquait guère que d’être entendue (littéralement) pour pouvoir atteindre tout le monde, le facteur, les emo kids, les golden boys, vous qui me lisez, j’espère – à condition, c’est vrai, d’être anglophone.

Je ne suis pas certain que ce succès de masse soit appelé à durer. Mais que la plus adorable des plantereuses antifolksingeuses black tatouées (une catégorie peu représentée) puisse un jour faire la nique aux bimbos R&B et à la variété tiroir-caisse, ça se savoure.

http://www.myspace.com/antsypantskids
http://www.myspace.com/kimyadawson
http://www.kimyadawson.com

Juno B.O.F. (Rhino/Warner)