C'est plus fort que moi, la simple évocation de l'idole disparue me replonge dans une rage aussi enfantine qu'irraisonnée.
Et là, avec la commémoration des 30 ans de sa "mort tragique", on en bouffe, du Cloclo. Qu'il ait été odieux dans sa vie privée ne regarde que ceux qui ont accepté de jouer au paillasson pour lui. Non, je lui en veux parce qu'il n'a pas cessé, pendant près de 25 ans (et ça n'a pas vraiment arrêté après 78), de me polluer les oreilles et de squatter les émissions de variétés avariées de mon enfance et mon adolescence.
Je sais que certains révisionnistes diront qu'il a popularisé le répertoire Motown en France, ou qu'il était un vrai perfectionniste sur scène. La belle affaire ! Tous les yéyés ont pillé sans vergogne le répertoire international, et le talent ne se mesure pas nécessairement à la précision (ou alors, être un virtuose sur Guitar Hero vaut mieux que de jouer vraiment de la guitare sans grande technique, mais avec un style personnel) et aux litres de sueur versés.
Ce qui m'énerve le plus, c'est encore qu'il se soit trouvé une vingtaine de chanteurs pour se prêter à l'opération CD hommage officiel Claude François, Autrement dit ourdie par Universal - en bonne major, la filiale de Vivendi nous avait déjà fait le coup avec d'autres vaches à lait, style Brel ou Brassens.
Et là, j'ai envie de rejoindre Sarkozy et autres prétendus réacs en hurlant contre la dérive du "tout se vaut". Désolé, mais, non, les œuvrettes du foutriquet hystérique, contrairement aux chansons de Brassens ou Brel, ne valent pas tripette. Mêmes revisitées, avec un sérieux désarmant, par – la délation est parfois un devoir – Jeanne Cherhal, Adanowsky, Jeremie Kisling, Vincent Baguian, Alexis HK, Aldebert, AS Dragon, Adrienne Pauly, Dominique Fidanza, Alain Chamfort, Elodie Frégé, Brisa Roché, Seb Martel, La Grande Sophie, Axelle Renoir, Clarika, Elisa Tovati et Elli Medeiros.
Beaucoup de ces chansons sont même franchement nauséabondes. De la pire eau de vaisselle, du Piaf au masculin, geignard, baignant dans l'apitoiement sur soi et la lâcheté des sentiments érigée en ligne de conduite (écoutez un peu "Dis-lui pour moi", pour voir).
Oui, bon d'accord, et "Comme d'habitude" dans tout ça ? Well, digne du reste avec un texte de Gilles Thibaut beaucoup moins drôle qu'à son habitude – on parle quand même là de l'inénarrable auteur, rien que pour Johnny (qui s'y prête bien, il est vrai), de "Que je t'aime", "Ma gueule", et last but not least, du fabuleux Hamlet Hallyday (avec l'insurpassable "Je lis") –. Et sans rapport textuel aucun avec "My Way", Paul Anka ayant tout simplement écrit des paroles sur mesure pour Frank Sinatra, sans heureusement se soucier du point de départ.
Détail qui tue, "Comme d'habitude" est ici récité d'une voix blanche pour en accentuer le côté mélodramatique par Elli Medeiros. L'ancienne chanteuse des Stinky Toys. Qui partageaient l'affiche, en septembre 1976, du légendaire premier festival punk du 100 Club, avec, notamment Siouxsie & The Banshees (mais pas le même soir, je sais). Des Banshees dont le batteur, pour ce tout premier concert-performance, était un certain Sid Vicious. Interprète de la meilleure version rock de "My Way" (son unique fait d'arme musical, quand on y réfléchit).
En fait, le seul vrai hommage qui pourrait être rendu à Cloclo, ce serait un match de water-polo entre les piliers des Enfoirés et la troupe du Soldat rose. Si un câble à haute tension tombait dans la piscine, je ne porterais pas le deuil...
Claude François. Autrement dit (Mercury/Universal)
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2 commentaires:
Mon dieu, ta dernière idée me donne de folles envies de monter ma propre boîte d'électricité, tu peux pas savoir à quel point.
Cela dit, je remarque que tu viens de lier avec brio Elli Medeiros et Sid Vicious en un nombre réduit d'étapes, exploit devant lequel se pâmeraient tous les amateurs de devinettes en « trouvez le lien le plus direct entre Mickey Mouse et Blind Willie McTell » ou « quel nombre minimum de gens lie Sarah Bernardt à Bill de Tokio Hotel. » Il faudrait que quelqu'un sorte un bouquin là-dessus, un jour. Définitivement.
Oui, oui, lance-toi dans la concurrence à EDF !
Quant au jeu du lien, c'est drôle, on y jouait avec mes potes, quand on était ados (et qu'on avait lu déjà suffisamment de Rock&Folk pour s'y connaître un peu...)
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