16 novembre 2007
Fun House
Des mots… plein de mots, des bouts de phrases extraits de leurs chansons qui se chevauchent et se télescopent, c’est ce qu’ont choisi les Fiery Furnaces pour remplir leur rideau de fond de scène. Un choix tout sauf innocent, quand on connaît la propension de Matt Friedberger à imaginer moult histoires abracadabrantesques remplies de noms de lieux et de personnes et de références ésotérico-ludiques. Et tout autant, comme on a encore pu encore le constater hier soir au Nouveau Casino, quand on connaît la capacité des Brooklyniens (d’adoption) à recombiner les chansons de leur foisonnant répertoire (6 CD en 5 ans, plus le double solo de Matt !), en les réinventant au passage.
Autant dire que même avec un personnel inchangé par rapport à leur dernier passage dans le même lieu, il y a 18 mois, tout est transformé. D’abord, cette fois, l’aîné des Friedberger est aux claviers (orgue, piano et synthé, triturés aux pédales d’effets) et ne chante quasiment pas, laissant Eleanor (qui ressemble de plus en plus à Karen Carpenter, avec sa mèche dans les yeux) se dépêtrer avec une grâce infinie des acrobatiques tartines que son frangin lui met en bouche. Et puis, naturellement, cette fois, c’est Widow City, le nouvel album, qui structure le set, où s’incorporent organiquement les chansons plus anciennes. Même quand on connaît tous leurs albums par cœur, l’effet live est bluffant, tant la profusion de thèmes a de quoi donner le tournis. Et si, après tout, les Fiery Furnaces sur scène étaient un genre de parc d’attractions ? Quelque part entre roller-coaster en folie (brusques virages, doubles loopings, vrilles inattendues), fun house (miroirs déformants, escaliers instables, courants d’air) et maison hantée (passages secrets entre les différents thèmes et albums, intervention du surnaturel). Quelque chose de très physique aussi, grâce à l’impact du tandem rythmique Jason Loewenstein (basse, ex-Sebadoh)-Bob d’Amico (batterie).
Bref, une expérience unique. Et multidimensionnelle. Normal. Les Fiery Furnaces ne font jamais rien comme tout le monde. Ce qui leur vaut sans doute d’être un des groupes les plus controversés de la décennie. Sur qui je ne me priverai pas de revenir. Après tout, si leur musique se mérite, exigeant de l’auditeur un effort (d’attention, au moins) réel pour en saisir la substance, en faire l’exégèse est ensuite un plaisir. Qui a déjà nourri maint autres blogs. Pourquoi s'en priver ?
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